Le quartier résidentiel où ma sœur et moi vivions était plutôt bien situé. A un peu moins d'une vingtaine de minutes d'un commerce où l'on pouvait trouver de tout afin de se sustenter, on n'avait pas de quoi se plaindre, au contraire. L'on faisait toujours nos courses là-bas, un beau rapport qualité-prix y figurant. Les dix-huit heures approchants – et de plus en plus le futur appel de notre chère mère -, nous approchions de l'entrée du commerce, Rainbow aux commandes de ce qu'il fallait prendre, comme à l'accoutumée. Inspirant profondément, j'attaquais la grande quantité de personne présentes dans le commerce à cette heure-ci, une belle migraine me prenant. Il y avait toujours un monde fou, et l'on voyait de tout. Du couple de tous les âges, des enfants dans les caddies, des étudiants aux rayons des meilleurs des sucres lents, et beaucoup d'adeptes du téléphone portable pour choisir lequel des produits en grands choix prendre. Les mains dans les poches, je suivais ma sœur nonchalamment, ayant eu la sage décision de laisser mon éternel skateboard à l'appartement. De toute manière, au moment présent, je n'avais qu'une idée, celle d'aller me coucher, même s'il était tôt. La journée avait été rude – et surtout fraîche – et je crois que je pourrais dormir toute ma vie ce soir, sans même prendre le temps de manger – de toute manière, je n'avais même pas faim -. Toussant à quelques reprises, j'essayais d'éviter habilement les gens malades assez repérables à leur manie d'éternuer un peu n'importe comment et dans n'importe quelle direction. C'était toujours agréable de fréquenter quelqu'un comme ça, malade comme un chien, qui vous file obligatoirement le virus. Et malheureusement pour moi, je faisais partie des gens qui attrapaient très facilement n'importe quel virus, en d'autres mots : je fuyais comme la peste les gens malades. J'avais assez à faire au naturel, si c'était pour m'ajouter un rhume qui s'avérait rapidement bien plus grave qu'un simple rhume, je préférais passer mon tour. Après, il faut avouer que ces derniers temps, je n'avais pas du tout était des plus prudents. Rien que pour sortir avec Eugenia sous la pluie et faire n'importe quoi, je me disais que ce n'était pas si étonnant que je puisse traîner un peu des pieds. Et puis, faut dire que je n'étais pas du tout prudent, en ce moment, même si je savais que ça témoignait d'une intransigeante irresponsabilité. Enfin, est-ce que cela peut-être considéré comme telle si j'en ai conscience ? Un peu naïvement, j'espérais que ça repousserait un peu mes limites de tolérance sur ma maladie, que ça me rendrait plus « fort », mais il y avait sûrement pas grand chose que ça fonctionne comme ça. Cependant, si je n'essayais pas, je ne saurais jamais, non ?

Je regardais ma sœur choisir entre deux emballages, sachant pertinemment que je ne lui serais d'aucun secours. En fait, j'aimais tout. J'étais le genre de personne aucunement difficile, qui aime vraiment tout. Enfin, à part une chose : les bananes. Allez savoir pourquoi, mis à part ce fruit, je ne faisais aucune discrimination alimentaire. Les brocolis, les carottes, la fraise, le poisson, les steacks, je mangeais de tout. Et puis, c'était surtout mieux de manger des trucs « normaux » que d'avoir une sonde gastrique comme j'avais eu lorsque j'étais plus jeune, question de me « gaver ». C'est toujours amusant, d'avoir des problèmes de croissance, faut pas croire. Quoi qu'il en soit, je répondais à ma sœur :

« En fait, c'est Zach, que j'ai vu. »

En moins d'une vingtaine de minutes, Théo et moi étions arrivés au centre commercial. A notre première visite à Santa Barbara, j'avais presque supplié mes parents pour avoir cet appartement. Je leur en avait vanté les mérites. Sa plus grosse qualité ? Il avait deux chambres. Je savais déjà que Théo ne tarderait pas à me rejoindre dès qu'il aurait son diplôme. Papa & Maman ne l'auraient pas laissé partir tout seul, loin. Alors il était venu me rejoindre. Ca n'avait été une surprise pour personne. J'avais attendu une longue année qu'il puisse enfin venir vivre avec moi. Il était là. Pour arranger le tout, l'appartement était idéalement situé. Une vingtaine de minutes à peine et nous étions devant le centre commercial, prêts à faire les courses du siècle. Petite, je faisais toujours les courses avec ma mère, j'avais donc rapidement appris les différentes astuces d'une mère de famille. Les réductions, c'était mon rayon. En général, quand nous faisions les courses, Théo se contentait de me suivre dans les rayons. Il était là plus pour me tenir compagnie qu'autre chose. Mais sans lui, je m'ennuyais rapidement. Cependant une chose m'inquiétait un peu. Depuis que nous étions arrivés, il ne cessait de tousser. Mais il ne disait rien. Si la toux s'aggravait il m'en informerait... Normalement. En général, quand ça n'allait vraiment pas, il me le disait. Du coin de l'oeil et l'oreille tendue, je surveillais tout de même l'évolution de la toux. L'autre jour il était rentré complètement trempé de je ne sais quelles promenade sous la pluie... Très prudent. Il pouvait attrapé toutes les maladies du monde en un clin d'oeil alors je faisais attention.

Mon petit frère derrière moi, surement occupé à éviter les malades du rayons, j'observais les emballages. Je comparais les prix, je calculais. Il y avait des histoires de réduction partout en ce moment et je comptais bien trouver la plus intéressante mais en n'achetant pas n'importe quoi. Il était rare que je choisisse des sous marques. J'avais, goûts de luxe, une préférence pour certaines marques. Mais je n'y pouvais rien si les secrets de recette étaient si bien gardés. Je laissais tomber simplement le paquet que je venais de prendre dans le chariot. C'est le moment que choisit Théo pour me parler de son entrevue avec quelqu'un de San Fransisco. Zac. J'en étais sûre. Après tout je n'avais encore croisé personne d'autre de notre ancienne ville.

"Tu t'es enfin décidé !"

Je réfléchissais un instant. Il fallait vraiment que je parle de ce voyage à Théo. Après tout, mon frère avait bien le droit d'être au courant. Je me mordillais les lèvres, choisissant mes mots. Tout en parlant, je poussais le caddie vers le rayon des fruits et légumes. Je redoutais la réponse de mon frère. Qu'allait-il penser de l'idée.

"En parlant de Zac hmmm... Il m'a proposé quelque chose et euh... Je suis plutôt partante. Voilà, tu sais il était très... Voyageur ?! Bref, pendant les vacances il part en Allemagne et... Il me propose de partir avec lui."

"Tu t'es enfin décidé !"

Je souris, amusé de la réaction de ma soeur, tout en observant le paquet qu'elle tenait tomber mollement dans le caddie. Je l'observais, soudain silencieuse, visiblement loin dans ses pensées. Je connaissais assez ma soeur pour savoir qu'elle réfléchissait à me dire un truc ou pas, lorsqu'elle avait cette tête là. Et le fait qu'elle se mordille les lèvres n'était qu'une assurance envers mon opinion. Quoi qu'il en soit, la couleur fut vite affichée :

« En parlant de Zac hmmm... Il m'a proposé quelque chose et euh... Je suis plutôt partante. »

Je fronçais les sourcils, intrigué de la proposition du jeune homme.

« Voilà, tu sais il était très... Voyageur ?! Bref, pendant les vacances il part en Allemagne et... Il me propose de partir avec lui. »
« Hé bien c'est cool. Tu m'enverras une carte postale. »

Dis-je pratiquement aussitôt, d'une voix essoufflée mais sincère, bien que je me demandais quand leur escapade germanique aurait lieu. Sans doute pendant les prochaines vacances, ou un truc du genre, vu que je doutais que Rainbow veuille sécher quelques cours. Quoi qu'il en soit, si ce serait pendant les vacances, ça m'arrangerait assez, vu que c'était certain que mes parents refusent de me laisser seul à Santa Barbara pendant le séjour de ma sœur, qui durerait certainement plus qu'une journée. Ce serait le retour à San Francisco, ce qui, bon, n'est pas si mal. De toute manière, je m'en fichais, bien que Rainbow semblait le dissimuler, je voyais bien qu'elle mourrait d'envie d'y aller. Et peut-être qu'elle finira par se mettre en couple avec Zachary là-bas, qui sait. De quoi revenir quelques temps en arrière et probablement laisser à Rainbow le loisir de retrouver le bonheur qu'il lui procurait tant.

Je regarde ma soeur, un sourire aux lèvres, bien que je me demande bien si c'est à cela que Zac n'arrêtait pas de penser lorsque je l'avais rencontré. Dans tous les cas, leur plan avait dû être vite élaboré. Ou plutôt, le jeune homme n'avait pas prit de temps pour inviter ma soeur. Et il faut avouer que j'étais plutôt curieux vis-à-vis de ce qui touchait à son fameux voyage. Contrairement à ces deux-là, je n'aimais pas voyager. Je préférais voir les pays à la télé ou dans les livres plutôt qu'en vrai, sachant que pour le coup, j'étais loin d'être un fan des transports, pour ne pas être très fier en avion. Enfin, je me gardais de lui poser quelques questions, optant pour la sage décision de lui voiler un maximum le fait que je sois aussi essoufflé que si quelqu'un avait couru un kilomètre pour rattraper un satané bus. Mais de toute manière, mon enthousiasme à ce qu'elle soit comblée à l'idée de partir n'en restait pas moins visible. J'étais vraiment content que Zach ait invité ma soeur, et tout ce que j'espérais, c'est qu'elle passe un merveilleux moment en Allemagne.